The European Union Review, Vol. 10 No. 3 - November
2005
Alcide De Gasperi:
Atlanticism and Europeanism
Daniela Preda - University of Genoa,
Italy
Abstract
Les études historiques ont souvent considéré atlantisme et européanisme
comme un unicum. En effet, si pour l’après-guerre on ne peut pas négliger
l’influence de la Guerre froide sur un projet d’unification européenne encore
dans une phase embryonnaire, il ne faut pas non plus oublier que, après le Plan
Marshall et sur la base de l’attitude favorable américaine, le projet européen
a trouvé des espaces d’autonomie toujours plus larges. En particulier, dans le
cas de De Gasperi, on peut facilement démontrer que les choix en faveur de
l’unification européenne du Président du Conseil italien ne suivirent pas
simplement ceux des autres hommes d’État européens, mais qu’ils furent à
l’avant-garde du processus d’intégration européenne et en ligne avec les
requêtes des fédéralistes les plus convaincus. Au centre de son attention, De
Gasperi, qui avait vécu à l’école du XXe siècle, des deux guerres mondiales,
des nationalismes et des totalitarismes, posait le problème de la paix : il
croyait que l’Europe devait travailler pour jeter les fondements d’un nouvel
ordre mondial. Sa foi catholique le poussait naturellement vers le dépassement
du nationalisme et la perspective universelle ; ses rapports avec les hommes
politiques (Einaudi, Sforza, Carandini) qui, après la deuxième guerre mondiale,
avaient nourri des idéaux fédéralistes, lui donnaient les instruments
institutionnels pour aller au-delà de la division en États nationaux
souverains. Dans cette perspective, on peut comprendre sa politique étrangère
qui prévoyait d’une part l’adhésion à la politique atlantique et, d’autre part,
la bataille pour l’unification fédérale de l’Europe. Entre les deux pôles –
atlantisme et européanisme – De Gasperi en choisit sans hésiter un troisième :
une Europe fédérée strictement liée au monde atlantique.