The European Union Review
Towards a European Industrial Policy: Energy Payments
in Euros and “Enhanced Cooperation” as Pillars for a European Strategic
Petroleum Reserve
Domenico Moro – Manager
and Member of the European Energy and Transport Forum, European Commission
Résumé
Aujourd’hui
l’Union européenne est déjà l’un des plus grands consommateurs d’énergie au
niveau mondial et, dans les années à venir, sa quote-part de marché est
destinée à augmenter davantage. Malgré cela, elle n’est pas à même d’influencer
le prix des produits énergétiques. Elle n’est même pas en mesure de gérer les
tensions sur les prix des produits énergétiques échangés sur le marché
international (pétrole, gaz naturel, charbon, uranium) provoquées par plusieurs
facteurs de perturbation, tels que les actions délibérées des pays
exportateurs, les conflits géopolitiques ou bien les effets des taux de change.
D’ici l’exigence de renforcer le pouvoir contractuel de l’Union en créant les
conditions pour qu’elle soit en mesure d’influer sur les facteurs géopolitiques
ou spéculatifs qui caractérisent le marché de l’énergie, en l’équipant des
moyens de négociation nécessaires et de politiques de cohésion adéquates dans
le secteur de l’énergie. Les mesures dont on souhaite la mise en oeuvre sont
surtout deux, à savoir, avant tout, la promotion de l’utilisation de
l’euromonnaie pour atteindre l’objectif de l’instauration d’une zone de libre
échange – ou bien d’un véritable marché intérieure - euro-méditerranéenne d’ici
l’année 2010, fixé par le Conseil d’Europe à Barcelone en 1995. Le paiement des
ressources d’énergie achetées des pays au sud de la Méditerranée en échange de
la stabilité des prix pourrait être un pas en avant décisif dans cette
direction, qui devrait être naturellement appliqué aussi au paiement du gaz
russe. Deuxièmement, il s’agit de réaliser une politique européenne de gestion
des réserves stratégiques d’énergie à l’instar du modèle américain de la
Strategic Petroleum Reserve (SPR). Comme l’on sait, après le premier choc
pétrolier de 1973, les Etats Unis établirent la SPR par l’Energy Policy and
Conservation Act approuvé en décembre 1975. La proposition qu’on avance ici se
base sur la conviction que l’Union doit se doter du même instrument et que la
base juridique pour qu’elle puisse mettre en place cette mesure se trouve dans
ce qui est prévu dans le Traité d’Amsterdam à propos des «coopérations
renforcées» et dans le Traité constitutif de Euratom. La «coopération
renforcée» permet à un nombre même limité d’Etats Membres de l’Union de
procéder à l’introduction d’une politique commune dans ce secteur, sans qu’il
soit nécessaire d’obtenir l’adhésion de tous les Etats Membres. La gestion des
réserves stratégiques, la mise en place des infrastructures nécessaires et le
développement de sources alternatives d’énergie pourrait être confiés à Euratom
qui serait transformé en Agence pour l’approvisionnement et le développement
des différentes sources d’énergie.